BILAN DES 12 ANS DU PROJET SABORITA: Passé, présent et avenir
(Lettre de David Moya)
À vous, chères et chers ami(e)s de Saborita,
Il y a 12 ans, je vous écrivais une première lettre, celle qui a tout déclenché. Une lettre née de l’impulsion de partager un tournant radical dans ma vie, où j’exprimais mes doutes et mes déterminations. La merveilleuse réponse que j’ai reçue a été la catapulte qui, d’une certaine manière, m’a conduit jusqu’ici. Aujourd’hui, j’ai l’émotion de partager avec vous un moment tout aussi spécial : le début de la troisième phase du projet Saborita, où l’élan est maintenant de relier les extrémités d’un cercle. Je vous expliquerai plus loin.
Au cours de ce parcours, notre réseau et notre mission ont mûri, tout comme notre capacité à prendre soin de cette terre, de ses habitants et de ses produits. Ce qui a commencé par une lettre au singulier est désormais devenu un projet au pluriel. Nous sommes devenus bien plus qu’un simple groupe d’agriculteurs ; nous sommes une communauté de personnes engagées, qui ont appris à surmonter les défis.
Il est temps pour nous de franchir le pas que nous préparons depuis plusieurs années, et que nous avons reporté en raison des vicissitudes et des contraintes du moment. C’est maintenant le moment d’ouvrir de nouvelles portes pour pouvoir rendre au monde ce que vous, notre communauté, nous avez apporté.
Comme vous le savez, la vie à la campagne n’est pas facile, surtout en période de crise climatique et de changement social. Ces dernières années, nous avons fait face à un climat marqué par une sécheresse prolongée et des températures extrêmes, battant des records année après année, à des incendies dévastateurs, des pluies torrentielles, et à une crise des coûts qui frappe profondément ceux d’entre nous qui ont choisi d’être paysans et de prendre soin de la terre. Pendant que j’écris ces lignes, il pleut ici toute l’eau que nous n’avons pas vue depuis deux ans, ce qui me permet de faire une pause dans la récolte pour vous écrire. Ces dernières années ont ressemblé à une longue course d’obstacles qui nous a empêchés de franchir ce cap que nous entamons maintenant.
Parfois, ce travail est solitaire et audacieux, mais votre présence et votre soutien nous rappellent constamment pourquoi nous le faisons. Les contraintes de ces années nous ont mis à l’épreuve, mais votre soutien a été un pilier fondamental qui nous a permis de résister et d’aller de l’avant.
Vous, nos «consomm’acteurs», avez été la pièce maîtresse de notre parcours. Avec chaque produit que vous avez acquis, vous avez fait bien plus qu’acheter des aliments; vous avez parié sur un mode de vie, sur une manière de comprendre la terre en la respectant et en la protégeant. Vous avez été le soutien dont nous avions besoin pour surmonter les défis et continuer notre chemin. Grâce à votre engagement, nous avons pu maintenir de véritables oasis de vie et de beauté, capables de produire des produits extraordinaires, comme l’huile d’olive Serrana, unique au monde, des amandes Marconas, des noisettes Negreta, etc. Sans un projet valorisant ces cultures, un grand nombre d’oliviers pluricentenaires, qui produisent aujourd’hui l’huile que vous consommez, auraient été arrachés pour décorer des ronds-points au nord de l’Europe, où ils se seraient effondrés après quelques années.
Bien plus que de sauver des cultures et des saveurs de l’oubli, notre plus grande fierté est d’avoir tissé cette communauté incroyable et résiliente de personnes formidables, de producteurs et de consommateurs autour de nous. C’est un refuge et une puissance extraordinaire qui, en ces temps si incertains et compliqués, nous permet d’envisager l’avenir avec sérénité, de maintenir la souveraineté alimentaire et une certaine tranquillité quant à la solidité de notre activité.
Avant de vous dévoiler les nouveautés et perspectives, je souhaite faire un bref retour sur le parcours de Saborita
L’origine de Saborita
Beaucoup d’entre vous nous connaissent depuis avant Saborita, anciens amis, compagnons et camarades d’aventures ou d’études, ou même de l’époque où j’avais un restaurant, ou des époques où nous voyagions comme coopérants ou depuis l’association OïSA, ou encore pendant la longue période de près de 15 ans passée en France, au Royaume-Uni et en Allemagne à étudier et diffuser la coopération, les alternatives, les initiatives de développement local et communautaire, les espaces intermédiaires de coopération, centres culturels ou de développement local, ou à explorer la vie en communauté. Dans cette dernière étape de 8 à 9 ans juste avant Saborita, avec l’association OïSA et l’association RELIER, nous avons vécu, Claudia et moi, une période passionnante et enrichissante, qui nous a remplis d’espoir en un monde bienveillant et nous a permis de rencontrer des personnes formidables, audacieuses, courageuses et bienveillantes, partageant le même engagement de prendre soin des personnes et ce monde.
Avec toutes ces expériences dans nos bagages, en plus d’une petite fille et d’un bébé en route, Claudia et moi nous nous sommes installés en Espagne à la fin de l’année 2012. Nous avons rencontré nos premiers oliviers dans la Sierra de Calderona, dans un coin isolé: la finca “La Saborita” (du nom de la gorge Saboritsa, “sarriette” ou herbe des oliviers), le petit paradis que mon père nous a cédé, où il se retirait pour se déconnecter de tout. Il était évident que nous conserverions aussi ce joli nom : Saborita
Première étape : 2012 – 2016 – Le Grand Saut, de la Théorie à la Pratique
Les premiers pas furent un voyage de découverte rempli d’apprentissages et d’efforts. J’ai démarré ce chemin d’installation paysanne plutôt seul, à la fin de l’année 2012, avec beaucoup d’enthousiasme et des idées fraîches de tout ce que j’avais vu et expérimenté dans OiSA, motivé pour proposer et dynamiser “rapidement” un territoire plein de potentiel. En y repensant aujourd’hui, je réalise à quel point j’étais naïf et plein d’espoir! La première chose que j’ai apprise, c’est que devenir agriculteur demande du temps, c’est un processus lent et sinueux. De plus, d’une certaine manière, j’étais un étranger sur ma propre terre, avec beaucoup de choses à réapprendre.
Ainsi, plusieurs années ont passé, faites de travail acharné, de récoltes difficiles, d’essais et d’erreurs, de casse-têtes pour réussir à produire une huile vraiment à moi, écologique et non mélangée avec des olives non biologiques. Il a fallu trouver des financements, multiplier les déplacements pour vendre ce que nous produisions au fur et à mesure, récolter des olives tout en rassemblant les fonds nécessaires pour acheter des outils comme des débroussailleuses et des tronçonneuses… Au début, les déplacements se faisaient dans des fourgonnettes prêtées, puis louées, jusqu’à ce que je puisse enfin acquérir mon propre fourgon d’occasion (qui m’accompagne encore dans les champs).
De manière poétique, on peut dire que Saborita est née pour sauver et défendre le minifundio, ce modèle d’agriculture valencienne qui résiste face aux grands latifundi et aux terres recouvertes de plastique et d’agriculture intensive industrielle, si courants dans d’autres régions. J’étais déjà tombé amoureux du paysage en mosaïque de l’intérieur valencien, si unique et riche en biodiversité, où l’olivier est le pivot de l’écosystème. Mais j’ai aussi été séduit par le patrimoine culinaire, les ingrédients de cette terre, les saveurs anciennes de la Méditerranée, et bien sûr, ce que je considère comme la meilleure huile d’olive au monde. J’étais convaincu qu’il y avait ici un joyau méconnu qui méritait d’être découvert et qui apporterait l’abondance à ce territoire. Et ce fut le cas. C’était l’inspiration et la raison d’être au départ de Saborita.
De manière plus prosaïque, ces premières années ont été marquées par un travail physique très intense, où je me sentais parfois exultant d’énergie et très connecté à la terre, et d’autres où j’étais complètement épuisé et désorienté par ce changement de cap, laissant derrière moi des années d’intellectualité et de voyages passionnants de découverte. Parfois, je me sentais comme un imposteur, pas vraiment digne du titre de « paysan » parce que je n’avais pas grandi dans cette réalité. Mais peu à peu, mon identité est devenue plus cohérente, en paix avec ma réalité quotidienne.
Puis, Noël, mon frère, est arrivé et a rejoint Saborita en 2015. Rapidement, nous sommes devenus plus forts et plus capables, avec plus de motivation chaque jour, et la possibilité d’aller plus loin. Là a commencé le véritable amour pour le travail, au-delà de l’engouement des débuts.
Le soutien quotidien de Claudia en coulisse, sa présence dans l’éducation de nos deux filles, Naroa et Selma, et son implication progressive pour nous faire connaître et ainsi créer de nouveaux groupes de consommateurs auxquels nous avons pu proposer nos productions, ont été et continuent d’être fondamentaux dans cette histoire.
Depuis, l’essentiel n’a pas changé : notre modèle défend le petit, le local, le circuit court de consommation et l’authentique. Nous croyons fermement en la haute qualité qui peut émerger de petites parcelles travaillées avec soin, des paysages vivants et vibrants des sierras Espadán et Calderona, et de la richesse de notre « oasis méditerranéen ». Sur ces fondations, nous avons structuré et élargi notre impact et notre champ d’action.
Ces premières années nous ont appris à connaître et à aimer notre terre, à respecter son cycle et son rythme. Nous avons inventé des façons de gérer les sols et les tailles en fonction du nouveau climat et de sa rareté en eau (et des excès torrentiels). Nous nous sommes lancés dans un périple entre champs et routes, apportant directement nos produits à ceux qui ont cru en notre projet dès le début. Ces premiers pas nous ont enseigné l’importance de créer quelque chose qui en vaille la peine, quelque chose qui nourrisse non seulement le corps, mais qui transmette un profond respect pour la terre. Grâce à ce lien proche et personnel, nous avons grandi aux côtés de nos premiers consomm’acteurs, qui sont aussi devenus des amis.
Une précision – pour information : Savez-vous combien vaut un litre d’huile d’olive Saborita? Parlons de prix, ou plutôt de valeur ? Des données: 1L de Saborita Temprano équivaut à environ 8 kg d’olives, et 6 kg dans le cas de la ZUMO de Saborita. Imaginez ce que coûte la récolte de 100 kg d’olives , qu’il faut descendre d’en haut des terrasses, à la main, dans ces grands oliviers centenaires, souvent isolés, sur de chemins de mointagne, pour obtenir 12 à 15 litres d’huile, et cela, avant même le processus de pressage et d’extraction. En moyenne, très variable d’une année à l’autre, chaque olivier nous donne autour de 15 kg d’olives, soit un peu plus de 2 litres d’huile Saborita par arbre. Il faut de nombreux oliviers pour rendre cette activité viable. C’est pourquoi nous sommes peu nombreux à en vivre ici; la plupart des habitants ne gardent des oliviers que pour leur consommation personnelle, par manque de rentabilité.
Et il y a de moins en moins de gens disposés à maintenir ces cultures. Elles ne peuvent pas rivaliser en termes de prix avec les exploitations intensives à rotation rapide, où l’on arrache et replante les arbres régulièrement, avec des fertilisants, sur d’immenses étendues de monoculture et avec des récoltes mécanisées (bio ou non, peu importe, ce sont ces huiles que l’on trouve en magasin). Cependant, dans ces exploitations, les marges sont colossales, tandis que nos huiles ne se vendent qu’à des prix légèrement supérieurs à ceux des huiles basiques de supermarché. Et cela vaut aussi pour le reste de nos produits
Nos premières années coïncidaient avec une période de bonne production, mais la tendance a changé depuis 2018. Heureusement, l’union avec d’autres producteurs a commencé à nous rendre plus forts.
Deuxième étape : 2017-2023 – Croissance, Communauté et Résilience
La deuxième étape, qui a débuté autour de 2017, a été la consolidation de notre réseau d’amis et de producteurs. Cela a été possible parce que Saborita est devenu un collectif en soi. D’un côté, la coopérative de Segorbe a fait un grand pari sur nous, en ouvrant une nouvelle ligne pour le pressage exclusivement biologique, ce qui a encouragé plusieurs producteurs à nous rejoindre : Germán d’Alfondeguilla, Miguel de Geldo, Rubén d’Algimia de Almonacid, et Miguel et Marta de la Vall de Almonacid. Des personnes merveilleuses, engagées dans l’agroécologie et connaissant la réalité paysanne. Cela nous a donné une plus grande capacité à répondre aux fluctuations de la production et à la demande de nos huiles, à collaborer au travail et à anticiper les années difficiles. C’était aussi le moment où Mustapha a définitivement rejoint l’équipe Saborita, comme compagnon au quotidien, avec ses connaissances de paysan et de berger depuis l’enfance, sa maîtrise de la taille, sa compagnie généreuse et sa chaleur humaine.
En parallèle, l’arrivée chez Saborita de personnes bien plus compétentes que moi en gestion d’entreprise, nous a permis de devenir un projet professionnel, structuré, capable de faire bien plus que produire et transporter. Nous avons été contraints de gérer plusieurs métiers en même temps pour rendre notre activité viable : en plus d’être agriculteurs, nous avons du également être administrateurs, communicateurs, logisticiens, mécaniciens, vendeurs… Mais leur arrivée à tout changé. L’intégration de Susana et de Claudia à temps plein, toutes deux de cœur généreux, persévérantes, capables d’apprendre et de transmettre, créatives et motivées, a été le pas suivant pour concrétiser ce réseau informel avec des moyens, la capacité de solliciter des aides, qui ont jeté les premières bases financières.
Ensemble, nous avons donné vie à Sabores de Vida, une plateforme née avec la vocation de servir aux petits producteurs comme moi, engagés mais sans compétences ou temps pour être une sorte d’homme-orchestre, ce qui est aujourd’hui nécessaire pour survivre en tant que paysan. Des personnes avec de grands produits et un savoir-faire, mais sans moyens pour atteindre ceux qui recherchent ce qu’elles produisent.
Ainsi, Sabores de Vida a réuni des agriculteurs produisant des produits variés mais locaux, partageant la même vision, diversifiant les saveurs et offrant une stabilité à notre réseau. Plusieurs personnes ont passé des mois, une année ou deux en stages ou en transitions professionnelles, avec l’envie d’apporter leurs compétences et de s’imprégner de l’effervescence du moment, comme Arturo, Rober, Vicent et Rigo, ingénieurs agronomes qui sont passés par notre projet et ont chacun laissé leur empreinte, contribuant énormément à l’innovation que représentent nos cultures aujourd’hui. Nous avons également partagé notre chemin avec Rubén et Águeda, qui nous ont aidés à créer une communication visuelle plus conviviale et proche. Notre chère Susana a quitté le quotidien de Saborita, même si nous restons des amis proches, et Ana a rejoint l’équipe de façon permanente, avec son expérience professionnelle, ses compétences en gestion, organisation et direction, son leadership bienveillant et sa force de travail.
Ensemble, tous ceux qui sont présents aujourd’hui et ceux qui sont passés, ont permis à Saborita de ne plus être un projet intense mais désordonné et épuisant, pour devenir quelque chose de fait pour durer, ouvrant la voie pour accueillir, dans les années suivantes jusqu’à aujourd’hui, d’autres compagnons de voyage formidables: Mariola en administration, Armando à logistique, la préparation de vos commandes et appui à la production , Isabelle en contact avec vous, puis le soutien plus récent de Miguel et Marian, et bien sûr, le soutien très proche de mon autre frère, Israel, avec son aide polyvalente, dynamisant les campagnols producteurs de fruits, et aussi avec sa surveillance de nos comptes et ses connaissances financières nous aide à prendre de bonnes décisions économiques (chose qu’avec le temps nous avons aussi compris de son importance)… formant tous ensemble la famille actuelle de Saborita – Sabores de Vida.
Ceux qui travaillent au quotidien avec Sabores de Vida sont les personnes grâce auxquelles les familles des producteurs, comme la mienne, ont gagné des heures de vie, peuvent profiter des dimanches ensemble ou pour se reposer ; ils nous permettent de vendre dignement, et ainsi ils prennent soin de nous et de la communauté que nous formons avec nos «consomm’acteurs» et vous tous, qui nous lisez.
Grâce à ce pas vers la professionnalisation et aux diverses aides et reconnaissances obtenues en chemin, nous avons pu ancrer nos racines dans le territoire. Certains producteurs et membres de Saborita, dont moi-même, avons pu depuis lors consacrer de plus en plus de temps et d’efforts à des projets à plus grande portée et impact social, renforçant notre communauté et le territoire.
- 1. Parmi ces projets que nous avons pu développer, il y a Ecoliva de Espadán, notre programme de protection du territoire pour récupérer les oliviers centenaires de montagne et redonner vie aux zones menacées par l’abandon. Chaque olivier sauvé, chaque fruit que nous récoltons, est une petite victoire dans notre détermination à faire face à l’abandon rural. La préservation du territoire implique de mobiliser les propriétaires terriens, en s’engageant sur le long terme, en renonçant à vendre leurs terres et en acceptant que leurs parcelles soient utilisées à la fois pour la production agricole et pour la biodiversité. Accepter que les arbres taillés par leurs ancêtres le soient à nouveau par d’autres n’est pas toujours une idée facile à accepter. La valeur émotionnelle dépasse toutes les autres. La douleur et la frustration liées à tant d’efforts investis sans rentabilité les poussent souvent à abandonner et à détourner le regard pendant que les oliviers meurent, envahis par les pinèdes.
Actuellement, l’exploitation que nous gérons à Saborita englobe 18 propriétaires différents, avec lesquels nous avons signé des accords sur le long terme, assurant que ces terres ne seront pas destinées à l’installation de panneaux solaires ni à d’autres usages non agricoles. Nous nous rencontrons chaque année tous, mais onse donne des coups de main dans l’année et ces propriétaires font également partie de notre communauté. Notre exploitation couvre actuellement 36 hectares d’oliviers, 5 hectares d’amandiers, 2 hectares de légumes et 1,5 hectare de divers arbres fruitiers. Parmi tout cela, nous ne possédons que 4 hectares. Nous avons néanmoins fait des progrès, car nous pouvons désormais débroussailler les 44 hectares avec un tracteur, au lieu de le faire à la main comme pendant plusieurs années.
- 2. Au cours des trois dernières années, nous nous sommes également lancés dans d’autres projets d’innovation agricole, en collaboration avec des institutions de recherche pour adapter nos pratiques face au changement climatique. Des projets plus récents, tels que le Programa de Fincas Colaboradoras (programme des fermes collaboratrices), par exemple, nous permettent d’expérimenter et de mettre en pratique des modèles agroforestiers, avec des techniques de gestion des sols et des couverts végétaux qui apportent de la durabilité à l’oliveraie en sec.
Ces initiatives nous ont permis d’explorer de nouvelles techniques de taille et de gestion des sols qui protègent nos oliviers et la biodiversité, tout en régénérant le sol, maximisant la biodiversité et renforçant l’écosystème. Ces efforts nous ont donné des clefs pour affronter les défis climatiques.
- 3. Nous avons également lancé le programme Corto-Circuito, une initiative de Sabores de Vida pendant la pandémie de COVID-19, pour faciliter la distribution des produits de notre réseau d’amis producteurs, en plus de nos propres produits Saborita. Nous avons préparé des paniers combinés de produits de première nécessité, garantissant l’approvisionnement de consommateurs-collaborateurs et facilitant en même temps d’écouler nos productions. Ce projet a été la graine qui nous a encore renforcés en tant que réseau de producteurs.
Et cette période a été incroyable en termes d’actions et de projets locaux. La structuration de la logistique avec des agences de transport a été une révolution dans ma vie personnelle, car j’ai pu consacrer ce temps que je n’ai plus investi à faire des deplacements à participer activement sur le territoire. Avec le réseau auquel nous appartenons et que nous avons fortement contribué à tisser, nous avons lancé ensemble de nombreuses initiatives locales.
- 4. Quelques exemples de ces initiatives incluent des marchés (Sabora), des foires (dans de nombreux villages de la région), des plateformes de communication (Saborigen), le SPG (système participatif de garantie) Mosaics de Vida, des projets de développement rural (living Lab Vall Almonacid), des rencontres et des réseaux de semences paysannes et de biodiversité cultivée, le Réseau de Gardiens des variétés traditionnelles, des journées et des ateliers pour développer des cantines et potagers scolaires écologiques, entre autres.
- 5. Une mention spéciale mérite l’activité de formation et d’accompagnement que nous avons menée depuis Saborita dans la Nave Esperanza, à Segorbe, dans une petite zone industrielle. Cet espace est devenu un incubateur pour des initiatives d’entrepreneuriat rural, comme les éponges naturelles de Marcos (ESVEVA), ou des formations pour la création de laboratoires partagés de transformation d’aliments et conserves, pour les pratiques de gestion agroécologique des cultures, pour la taille ou l’entrepreneuriat agroécologique. Ici se trouve également notre centre névralgique actuel : l’espace logistique et agricole de Saborita, juste à côté des bureaux et de l’entrepôt de Sabores de Vida, d’où nous gérons les produits et la logistique des commandes.
Tout ce travail a également été reconnu par les acteurs techniques et institutionnels, qui nous invitent de plus en plus à donner des séminaires, des ateliers ou conférences dans les instituts agricoles, chambres d’agriculture et notamment avec le Service de Transfert de Technologie de la station expérimentale de la Chambre d’Agriculture, avec lesquels je participe régulièrement à la formation des futurs entrepreneurs ruraux agroalimentaires.
- 6. Actuellement, nous sommes particulièrement motivés par l’arboretum que nous plantons, composé de variétés oubliées d’arbres fruitiers. Nous avons déjà une trentaine de variétés différentes non cataloguées, obtenues par greffe d’arbres abandonnés et isolés. Ce travail ethnobotanique est réalisé en collaboration avec l’association ConnectaNatura, avec qui nous travaillons sur le projet « Empelts de la mémoire – Radiant » et avec qui nous faisons partie du Réseau des Gardiens des variétés anciennes du nord de Valence et de Castellón.
Ces activités, ainsi que l’accompagnement, sont des expériences qui nous enthousiasment et qui me comblent personnellement et je sais que lorsque mon corps me demandera de réduire l’activité physique intense (et j’ai le pressentiment que c’est pour bientôt), je pourrai continuer à contribuer dans ce domaine avec grand plaisir. Cultiver les graines d’un futur désirable et résilient donne du sens à notre projet, et c’est pourquoi nous partageons nos expériences pour inspirer et reproduire notre modèle.
Troisième étape : 2024 et au-delà – Consolidation, diffusion et transmission de notre projet territorial
Aujourd’hui, avec Saborita, Sabores de Vida et les communautés que les deux dynamisent, nous sommes prêts à franchir une étape fondamentale. À part rendre à la communauté ce que nous avons appris, nous ferons de notre mieux pour continuer à soutenir davantage des producteurs pour qu’ils puissent rester sur leurs terres et prospérer. En plus, dans cette troisième phase ambitieuse, nous souhaitons nous assurer que notre réseau se consolide en une structure résiliente, capable de faire face aux crises récurrentes.
Avec Claudia, Ana et le reste de l’équipe, nous travaillons pour que cette étape soit la consolidation d’un espace de rencontre et de transmission de savoirs, unissant les connaissances et les saveurs de notre territoire (los Sabores y Saberes), et connectant le réseau de consommateurs et de producteurs dans une communauté. Nous voulons que Saborita devienne un « laboratoire d’innovation sociale et environnementale », toujours à l’échelle territoriale de notre comarca et que chacun d’entre vous puisse être partie prenante de cette nouvelle aventure.
Voici les projets déjà lancés ou en cours :
I) Investissements pour les nouveaux projets de développement local:
En 2024, Saborita a mis en place deux nouveaux projets grâce aux aides régionales reçues pour l’amélioration des exploitations agricoles. Ceux-ci devraient nous permettre de donner une meilleure rentabilité à l’exploitation par la valorisation des produits, et en même temps, de pouvoir offrir un meilleur service à davantage de producteurs.
- D’une part, nous avons créé un atelier de transformation dans lequel nous pourrons élaborer des conserves et des préparations à partir de nos propres produits. Cela nous permettra de fabriquer des crèmes d’amandes ou de noisettes, des conserves sucrées et salées, et ce sera aussi un espace partagé pour des collaborations avec nos nombreux amis cuisiniers, ainsi qu’un lieu de rencontre et de formation pour les producteurs comme pour les passionnés de gastronomie.
- Le deuxième projet est le fruit de plusieurs années de recherche et de développement technique, qui nous ont permis de concevoir une machine capable de casser la coque de nos amandes, noix et noisettes, en calibrant, séparant et nettoyant le fruit. C’est un autre tournant qui nous apportera bien plus de liberté.
- C’est aussi le bon moment pour introduire l’arrivée d’un nouvel outil informatique pour les commandes collectives sur lequel nous travaillons depuis déjà 3 ans. Avec cela, nous allons enfin quitter le système Google; vous offrir plus d’anonymat pour passer vos commandes; faciliter l’autogestion des groupes et rendre ici la gestion de chaque commande collective plus fluide. Nous avons eu la chance de pouvoir travailler avec une équipe locale d’informaticiens très compétents pour créer ensemble cette nouvelle plateforme que nous vous ferons connaître dans quelques mois. Là encore, nous avons la chance de bénéficier de fonds publics qui ont financé ce travail. Bien que ces investissements représentent un coût initial pour nous, une grande partie de l’argent provient d’aides publiques, et nous espérons que les résultats se feront rapidement sentir.
II) Création du Laboratorio de Sabores y Saberes (Laboratoire des Saveurs et Savoirs)
Dans cette optique, nous voulons lancer en 2025 une association pour la préfiguration d’une Fondation, qui sera dédiée à la recherche, l’innovation socio-environnementale et la diffusion. Cette fondation donnera vie à notre Laboratorio de Sabores y Saberes, où nous travaillerons sur des thèmes comme l’agroécologie, l’agriculture régénérative adaptative, l’alimentation saine, les saveurs et plaisirs culinaires, la communauté et le développement local, le paysage et la biodiversité, la récupération des variétés traditionnelles, et la conception de pratiques durables qui protègent notre patrimoine agricole et culturel. Nous souhaitons que ce laboratoire soit aussi un lieu de rencontre pour partager et apprendre ensemble :
Pour ceux qui nous connaissent, Claudia et moi, de notre précédent projet OiSA (Observatoire Itinérant des Systèmes Alternatifs), sachez qu’avec le Laboratorio de Sabores y Saberes, nous fermons enfin le cercle, en créant un lien entre la production de la meilleure huile d’olive et la construction de communautés régénératives, à travers la préservation des écosystèmes, le développement rural et l’estime de soi des habitants pour leur patrimoine et leur paysage:
III) Création d’un centre (tiers-lieu) : Le Moulin de la Morería à Jérica.
Et étant donné que bon nombre de ces projets nécessitent un lieu physique concret, et que l’on ne peut pas être partout en même temps, il nous manquait un élément clé dans le projet : un lieu de rencontre qui facilite la transmission des connaissances et amplifie nos forces. Depuis la fin de la pandémie, nous restaurons peu à peu un ancien moulin en pierre: le Moulin de la Morería, pour le transformer en un tiers-lieu où nous pourrons accueillir des groupes et proposer des expériences formatives et immersives en accord avec notre mission. Nous voulons que le Moulin soit un refuge pour la biodiversité, grâce à l’arboretum de variétés anciennes de fruitiers, un lieu d’innovation alimentaire avec el “Obrador” (labo de transformation partage) et un endroit où la communauté peut se rencontrer, apprendre et renforcer le lien qui nous unit. Nous avons plusieurs visions et idées pour ce lieu magnifique, qui devrait également intégrer de nouveaux aspects tels que l’éducation et l’art… mais tout cela, nous vous l’écrirons plus en détail ultérieurement…
Ici, nous dirons seulement que dans ce nouvel espace, nous pourrons partager avec vous les merveilles de notre paysage, un oasis de vie et de création, loin du stéréotype du « désert agricole ». Nous souhaitons que cet espace devienne un lieu pour interpréter la mosaïque de vie et de culture méditerranéenne, où les savoirs anciens rencontrent l’innovation, et où nous pourrons organiser des ateliers et des séjours expérientiels centrés sur les sens, le goût, la communauté et le savoir. Actuellement, l’atelier de transformation et la casseuse mentionnés dans le point I y sont également installés, et nous envisageons d’y établir également le siège du Laboratoire des Saveurs et Savoirs. Dans le Moulin se développe également une activité de gîte rural qui pourra accueillir des groupes, jusqu’à 20 personnes initialement (2026) et jusqu’à 35 personnes quelques années plus tard.
Notre projet prend la dimension d’un territoire, le réseau d’acteurs s’étend, et notre impact social, environnemental et économique dans la région se renforce aussi. Concrètement, les membres de l’écosystème Saborita vivent dans différents villages de la comarca, dasn un rayon d’environ 20km autour de Segorbe, et chacun participe activement à la vie de sa localité.
IV) Extension du réseau de producteurs dans la famille Sabores de Vida : Même engagement.
Avec cette nouvelle étape, du côté de Sabores de Vida et du réseau de producteurs, en s’élargissant et consolidant, nous sommes heureux de pouvoir vous offrir une plus grande variété de produits. Depuis les jours les plus difficiles de la pandémie, le programme Corto-Circuito nous a permis d’écouler les produits de producteurs locaux en difficulté. Peu à peu, nous avons appris à connaître chaque producteur et à sélectionner leurs produits avec le même soin que celui que nous avions porté dès le début sur nos oliviers et amandiers.
Certains des produits que nous vous proposons désormais incluent, par exemple, le premier safran biologique d’Espagne, avec traçabilité de chaque brin ; des viandes séchées et du jambon A.O.C. de Teruel, une sélection de vins naturels de cinq micro-caves et de la coopérative du village, etc. Nous sommes certains que vous allez les adorer. Vous recevrez bientôt des fiches détaillées de chaque producteur et produit afin que vous puissiez mieux les connaître. Nous voulons que, lorsque ces produits arriveront entre vos mains, vous ressentiez la même confiance que celle que vous avez placée dans notre huile au fil des années.
Pour les plus curieux, un lien vers l’ébauche du descriptif des nouveaus produits que nous vous proposons dès à présent pour cette nouvelle saison d’automne 2024, voici:
Préparez vos papilles!
V) Comment nous allons tous travailler ensemble dans cette nouvelle phase.
Dans cette nouvelle période, nous souhaitons que vous puissiez tous être partie prenante du projet si vous le désirez. Notre souhait est que cette communauté grandisse et que chacun et chacune d’entre vous soit fière d’en faire partie. Le Laboratorio de Sabores y Saberes (Laboratoire des Saveurs et Savoirs), le Molino de la Moreria (Moulin de la Morería), l’association et la future Fondation, et notre rêve futur de devenir une biorégion, impliquent d’élargir notre communauté aussi bien au sein de Saborita qu’autour de nous, ici et partout où il y a des personnes prêtes à se lier et à s’engager pour nos produits et nos projets.
Pour cela, nous aimerions vous inviter à devenir des ambassadeurs de ce projet et à partager avec vos amis, familles et connaissances ce que représente Saborita. Chaque nouveau membre de notre réseau n’est pas seulement un consomm’acteur, mais une personne engagée dans un mode de vie qui prend soin de la terre et respecte son équilibre naturel. Chaque consommateur soutient, avec sa commande, la réalisation de ce grand projet collectif de développement local et de recherche en faveur de propositions plus durables.
Le projet reste, comme toujours, une œuvre d’amour et de conscience. Ce qui nous motive, c’est le soin apporté au paysage, aux personnes et à chacun des processus qui permettent à Saborita d’être une réalité. Chaque achat, chaque mot partagé au sujet de notre travail, chaque soutien que nous recevons de vous est une petite étincelle qui maintient vivant ce rêve de construire une communauté résiliente et régénératrice.
Au-delà de ce que vous pouvez voir dans chaque produit et commande, il existe un réseau de personnes dévouées et passionnées par leur travail et par l’impact positif que nous pouvons générer ensemble. Nous savons que les temps sont difficiles, et c’est précisément pour cela que nous apprécions tant votre soutien et le lien que nous avons créé.
Ceci n’est que le début d’une nouvelle aventure. Nous aimerions continuer ensemble à semer l’avenir, à prendre soin du présent et à honorer la terre. Chacun d’entre vous est une pièce essentielle de ce puzzle que nous construisons jour après jour, avec effort, dévouement et beaucoup d’amour.
Merci d’être ici, de croire en nous et de contribuer à un projet qui est un acte de résistance et un pari pour l’avenir.
Avec gratitude et affection,
David
Et si vous avez eu le courage de nous lire jusqu’ici, vous serez probablement prêts à aller plus loin et à vous inscrire ici pour recevoir une newsletter de temps à autre. Il est bon de dire que notre dernière communication détaillée remonte à plusieurs années!
Êtes-vous intéressé par nos produits?
Pour nous, il est très important de connaître vos préférences et opinions.
Nous collaborons avec des groupements de consommateurs (Amaps, comités d’entreprises, groupes d’amis ou de voisins, groupements d’achat, associations…) ce qui permet de fournir un service à plus de personnes en un seul envoi.
Le fonctionnement est très simple et nous sommes toujours à vos côtés : nous vous fournissons le tableau de commande et les informations nécessaires et nous nous chargeons de collecter les demandes et de gérer les règlements et les expéditions ; Vous nous aidez à faire passer le message auprès de votre réseau de contacts intéressés et vous recevez la commande complète à distribuer.
Nous collaborons également avec des restaurants motivés et des épiceries spécialisées et nous réalisons aussi des coffrets cadeaux spéciaux pour des entreprises engagées et responsables.
Si vous aimez nos produits et que vous êtes motivés par notre projet, nous serons ravis et aimerions vous connaître un peu plus. Nous vous demandons ici en bas votre localisation parce que peut-être il existe déjà un point de distribution pas trop loin de chez vous (auquel vous pourriez juste vous ajouter). Si vous vouliez nous recommander, faire une commande et ainsi nous soutenir, merci de remplir ce formulaire suivant:
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Maintenant plus que jamais, nous apprécierons vos recommandations, ainsi que votre soutien avec vos commandes et votre diffusion auprès de vos amis et connaissances.
Vos témoignages sont très importants: qu’est-ce que vous aimez dans notre projet, pourquoi vous nous avez choisis, quels sont vos produits préférés… Cela nous aidera!
Si vous l’osez, c’est par ici.
ce que j’aime dans votre projet? D’abord la qualité gourmande de toutes vos huiles et du riz . Puis celle de tous les produits proposés avec un faible pour le Vermut. Puis cette «vision » d’une vie future où le lien se fait entre terre,hommes du passé et de l’avenir,réponse au déreglement climatique en harmonie avec le paysage que le travail des hommes rend beau et vos projets de tiers lieu ouvert . Un avenir radieux qui semble possible . Et enfin cette région de l’Espagne et vous. Voilà.
Ce que j’aime dans votre projet? votre énergie, votre enthousiasme communicatif (je me souviens de celui de Aude et Cédric nous parlant de leur rencontre avec vous ..) votre créativité, votre volonté de cultiver et de produire différemment, votre recherche de collectif, votre foi dans un autre monde possible. J’aime citer les paroles d’une chanson de Colette Magny en 1970 qui me paraissent vous définir : » lorsque l’Humanité sera enfin sage, nous passerons de la compétition dans l’individualisme à l’individualité dans la coopération…Paix aux hommes au cœur ouvert »
Tenez bon !